Le premier déclic qui allait aboutir, quelques années plus tard, au lancement de « Solex dans les prés », fut la rencontre avec la Mayenne occasionnée par la promotion de « Va y avoir du soui ! ». Résolue à ce que la sortie de ce premier film « participatif » soit couronnée de succès, toute l’équipe du film s’était lancée, en septembre 2013, dans une opération de communication sans précédent : inonder chaque ville, village, hameau et simple lieu-dit du département d’affiches et de flyers.
Grâce au soutien et à la bienveillance de la quasi-totalité des municipalités, cet objectif fut atteint avec de mémorables résultats en termes d’entrées en salles.
Mais ce quadrillage méticuleux de la Mayenne avait eu une autre conséquence : la découverte d’un fantastique patrimoine ; patrimoine à peine survolé dans « Va y avoir du soui ! », lequel ne quittait guère le sud-Mayenne.
Ainsi, dès cette époque, avait germé l’idée d’un road-movie qui nous permettrait de magnifier la richesse et la diversité de la Mayenne en la sillonnant du sud au nord et de l’est à l’ouest. Une sorte de poème d’amour en images (et en ambiances sonores) qui ne devrait pourtant, en aucun cas, se rapprocher d’un quelconque spot publicitaire pour déstockage de tour-opérateur.
Il faudrait pourtant attendre trois ans après l’émergence de cette ébauche de projet pour qu’ait lieu le second déclic. Au beau milieu du marché hebdomadaire de Château-Gontier. C’est là, entre deux pots de miel et une paire de gants en laine d’angora qu’un ami éleveur nous révéla sa passion pour les Vélosolex®, engin qu’il avait commencé à collectionner et qu’il s’était mis à chevaucher régulièrement pour battre, à la brune, la campagne autour de son exploitation.
Le deux-roues ! Comment ne pas y avoir songé plus tôt ? Nous tenions là, à la fois, le véhicule dont nous avions besoin pour parcourir la Mayenne et le symbole d’une qualité de vie et de relation que nous tenions, également, à promouvoir. En terre d’élevage, on sait prendre son temps. Il fallait, pour respecter son cahier des charges implicite, que notre film en fasse autant…
Ce cadre posé (découverte de la Mayenne secrète au rythme paisible des Vélosolex®), restait à énoncer clairement les propositions thématiques et dramatiques qui sous-tendent toute œuvre de fiction.
La proposition thématique principale irait presque de soi : « La magie existe encore pour qui sait la chercher ».
Quant à la proposition dramatique principale, on pourrait la résumer, elle aussi, en une phrase : « C’est en poursuivant des chimères qu’on réalise ses rêves ».
Le fond de l’histoire étant plutôt sombre (errance pathogène des diplômés sans emploi et violence dans l’entreprise, le tout en période de crise), restait à choisir entre drame et comédie. Choix qui n’en était pas vraiment un tant il est vrai qu’une bonne comédie est toujours construite sur de sombres fondations.
« Solex dans les prés » sera donc une vraie comédie populaire sans effets de mode entièrement basée sur des situations frisant souvent le burlesque, sur des échappées à la limite du fantastique et sur des dialogues très écrits.
Un film qui hisse la naïveté au rang de vertu. Un film qui aborde de vrais sujets de société sans s’enfoncer dans la sinistrose mais, tout au contraire, en tentant d’ouvrir des brèches sous l’arc-ciel.